Blake RossLes porteurs du projet ne sont pas n’importe qui. Blake Ross s’est fait remarqué très jeune par son travail sur le projet Mozilla et a été embauché à 15 ans par Netscape deux ans auparavant. De son côté, David Hyatt est l’inventeur du XUL, le langage d’interface multiplateforme qui décrit l’interface de la suite Mozilla et de ses dérivés et qui est interprété par le moteur d’affichage même du navigateur. David a même quelques mois plus tôt lancé le projet de navigateur Chimera avec une interface native pour Mac OS X et avec le moteur d’affichage de Mozilla, Gecko, pour le contenu web.

Donc, ce récidiviste et son jeune compère Blake Ross lancent une version 0.1 de Phoenix pour faire renaître de ses cendres Mozilla, le 23 septembre 2002.

Phoenix 0.1 & customize toolbar

Cette version 0.1 n’est pas disponible pour Mac OS X, ses auteurs ne voyant pas l’intérêt de concurrencer le projet de navigateur autonome Chimera. Par contre, ils ne voient pas le même intérêt dans le projet de navigateur autonome avec une interface native pour Windows, K-Meleon, aussi basé sur le moteur d’affichage Gecko de Mozilla.

Les nouveautés déjà dans cette version 0.1 sont une barre d’outils personnalisable, une barre de recherche rapide pour les marque-pages et l’historique, un gestionnaire de marque-pages remanié, un nouveau look, des réglages par défaut raisonnés en application du principe selon lequel le navigateur « doit faire ce qu’il faut ». Les développeurs ont configuré le comportement du bloqueur de pop-up, de la navigation par onglet et d’autres fonctionnalités pour qu’elles fassent juste ce qu’il faut.

Et, ce n’était qu’un début. Les développeurs avaient déjà en tête le remplacement du système de remplissage des formulaires, un vrai gestionnaire d’extensions et de plugins permettant désactivation et désinstallation facile, un nouveau, amélioré et relooké gestionnaire de téléchargement et des préférences essentielles de retour.

Les binaires sont encore encombrés de fichiers inutiles qui permettront de réduire drastiquement la taille de l’exécutable à installer. Vous pouvez d’ailleurs toujours le trouver sur les serveurs de Mozilla et vous amuser avec si vous savez ce que vous faites.

Que sont-ils devenus ?

Blake Ross a continué à développer le navigateur et a lancé le projet SpreadFirefox de promotion communautaire en étant sous contrat avec la fondation Mozilla. Il est parti fonder son entreprise rachetée par Facebook où il est resté chef de produit jusqu’à son départ en 2013. Depuis, il a été remarqué comme scénariste d’une série télévisée.

David Hyatt est parti chez Apple le 15 juillet 2002, où il a lancé en tant que développeur principal du navigateur Safari et du framework WebKit. Ce fut donc son 3e navigateur de l’année 2002.

Chimera a été renommé en Camino et a été développé comme un projet communautaire pour Mac OS X jusqu’au 30 mai 2013 quand il a été abandonné.

K-Meleon est toujours développé pour Windows par des bénévoles, mais n’a jamais connu un très grand succès.

Netscape reste une marque d’AOL mais a été dissous comme entité de développement de logiciels le 15 juillet 2003 quand la direction du projet Mozilla a été remise à une fondation a but non lucratif, la Mozilla Foundation. Quelques versions de Netscape basées sur Firefox sont sorties, mais l’arrêt de tout développement et assistance a été annoncé pour le 1er mars 2008, avec recommandation à ses utilisateurs de passer à Firefox.

La suite Mozilla, dont la version 1.0 était sortie le 5 juin 2002, a été abandonnée définitivement par Mozilla deux ans après le recentrage du développement au profit de deux logiciels autonomes Firefox et Thunderbird (comme on les appelle maintenant). La suite SeaMonkey est la continuation de la suite Mozilla, menée par la communauté avec un soutien en infrastructure de Mozilla.

Phoenix qui, comme on l’a vu, est devenu le centre du développement de Mozilla a dû changer deux fois de nom pour connaître son nom définitif de Firefox, marque déposée de la fondation Mozilla. Sa légèreté, sa rapidité, ses fonctions innovantes, son écosystème d’extensions puissantes, sa localisation dans des dizaines de langues et sa sécurité de projet open source multiplateforme ont permis au navigateur basé sur Gecko de connaître un succès mondial, même si ses parts de marché ont baissé ces dernières années.

Gecko a continué à être développé comme moteur d’affichage de Firefox et d’autres projets logiciels. Il est la base de Firefox OS dont le nom de code est B2G pour Boot to Gecko : toute l’interface utilisateur du système démarre sur la couche Gecko.


Un souvenir ? Une idée ? Racontez-nous votre histoire de Mozilla et du logiciel libre.


@Mozinet

Le coup d’œil dans le rétro précédent : Il y a 20 ans la folie Netscape

Crédit illustration : Capture n° 1 Mozilla, Milestone: Phoenix 0.1 sous licence CC By-SA 3.0

Photo n° 2 John Griffiths Blake Ross sous licence CC By-SA 2.0